Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/273

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
LE NAUFRAGE DE “L’AUGUSTE.”

cils, abaissa ses paupières à s’en voiler les yeux, et se résigna à écouter monsieur de Saint-Luc avec l’air aimable d’un criminel à qui son juge s’efforce de prouver, dans un discours très-éloquent, qu’il a mérité la sentence qu’il va prononcer contre lui.

Monsieur de Saint-Luc fit un récit succinct de la conduite de Locheill aux prises avec le major de Montgomery, son ennemi implacable. Il parla avec force du devoir du soldat, qui doit obéir quand même aux ordres souvent injustes de son supérieur ; il fit une peinture touchante du désespoir du jeune homme, et ajouta :

Aussitôt que de Locheill fut informé que tu avais reçu ordre de t’embarquer avec nous pour l’Europe, il demanda au général anglais une audience, qui lui fut tout de suite accordée.

Capitaine de Locheill, lui dit alors Murray en lui présentant le brevet de ce nouveau grade, j’allais vous envoyer chercher. Témoin de vos exploits sur notre glorieux champ de bataille de 1759, je m’étais empressé de solliciter pour vous le commandement d’une compagnie ; et je dois ajouter que votre conduite subséquente m’a aussi prouvé que vous étiez digne des faveurs du gouvernement britannique, et de tout ce que je puis faire individuellement pour vous les faire obtenir.

— Je suis heureux, monsieur le général, répondit de Locheill, que votre recommandation m’ait fait obtenir un avancement au-dessus de mes faibles services, et je vous prie d’agréer mes remerciements pour cette faveur qui m’enhardit à vous demander une grâce de plus, puisque vous m’assurez de votre bien-