anciennes relations avec les Canadiens l’avaient mis. Il était cependant naturel qu’il désirât rendre visite à ses compatriotes ; mais, avec la circonspection d’un Écossais, il n’en fit rien paraître : et ce ne fut que le dixième jour après la bataille, lorsque son tour vint naturellement, qu’il se rendit à l’hospice, escorté d’un officier français. La conversation, entre les deux jeunes gens, ne tarit pas pendant la route.
– Je ne sais, dit à la fin de Locheill, si ce serait une indiscrétion de ma part de vous demander à parler privément à la supérieure de l’hospice ?
— Je n’y vois pas d’indiscrétion, répondit le Français, mais je crains, moi, d’enfreindre mes ordres en vous le permettant : il m’est ordonné de vous conduire près de vos compatriotes, et rien de plus.
— J’en suis fâché, dit l’Écossais d’un air indifférent : ça sera un peu contrariant pour moi ; mais n’en parlons plus.
L’officier français garda le silence pendant quelques minutes, et se dit, à part lui, que son interlocuteur, parlant la langue française comme un parisien, avait probablement lié connaissance avec quelques familles canadiennes enfermées dans les murs de Québec ; qu’il était peut-être chargé de quelque message de parent ou d’amis de la supérieure, et qu’il serait cruel de refuser sa demande. Il reprit donc après un moment de silence :
— Comme je suis persuadé que ni vous, ni madame la supérieure n’avez dessein de faire sauter nos batteries, je ne crois pas, après tout, manquer à mon devoir, en vous accordant l’entretien secret que vous demandez.
De Locheill, qui comptait sur cette entrevue pour