Page:De Gaspé - Les anciens canadiens, 1863.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
245
LES PLAINES D’ABRAHAM.

trouva bien vite au milieu de nombreux blessés, qui avaient eu assez de force pour se traîner jusqu’au bocage de sapins.

Tout le monde connaît l’issue de la seconde bataille des plaines d’Abraham ; la victoire fut achetée bien chèrement par les Français et les Canadiens, dont la perte fut aussi grande que celle de l’ennemi. Ce fut, de la part des vainqueurs, effusion de sang inutile : la Nouvelle-France, abandonnée de la mère patrie, fut cédée à l’Angleterre par le nonchalant Louis XV, trois ans après cette glorieuse bataille qui aurait pu sauver la colonie.

De Locheill s’était vengé noblement des soupçons injurieux à sa loyauté, que son ennemi Montgomery avait essayé d’inspirer aux officiers supérieurs de l’armée britannique. Ses connaissances étendues, le temps qu’il consacrait à l’étude de sa nouvelle profession, son aptitude à tous les exercices militaires, sa vigilance aux postes qui lui étaient confiés, sa sobriété, lui valurent d’abord l’estime générale ; et son bouillant courage, tempéré néanmoins par la prudence dans l’attaque des lignes françaises à Montmorency, et sur le champ de bataille du 13 septembre 1759, fut remarqué par le général Murray, qui le combla publiquement de louanges.

Lors de la déroute de l’armée anglaise, à la seconde bataille des plaines d’Abraham, Archibald de Locheill, après des prodiges de valeur à la tête de ses montagnards, fut le dernier à céder un terrain qu’il avait disputé pouce à pouce ; il se distingua encore par son sang-froid et sa présence d’esprit en sauvant les débris de sa compagnie dans la retraite ; car au lieu de suivre le torrent des fuyards vers la ville de Québec,