vivait un cénobite qui jouissait d’une grande réputation de sainteté. Ce saint vieillard ne sortait jamais de sa cellule que pour écouter avec indulgence les pénibles aveux des pécheurs, ou pour secourir les affligés. Il disait aux premiers.
— Je connais la nature corrompue de l’homme, ne vous laissez pas abattre ; venez à moi avec confiance et courage chaque fois que vous retomberez ; et chaque fois, mes bras vous seront ouverts pour vous relever.
Il disait aux seconds :
— Puisque Dieu, qui est si bon, vous impose la souffrance, c’est qu’il vous réserve des joies infinies.
Il disait à tous :
— Si je faisais l’aveu de ma vie, vous seriez étonnés de voir en moi un homme qui a été le jouet des passions les plus effrénées, et mes malheurs vous feraient verser des torrents de larmes !
La pauvre mère se jeta en sanglotant aux pieds du saint moine et lui raconta le prodige dont elle avait été témoin. Le compatissant vieillard, qui connaissait à fond la nature humaine, n’y vit qu’une occasion favorable de mettre un terme à cette douleur qui surpassait tout ce que sa longue expérience lui avait appris des angoisses maternelles.
— Ma fille, ma chère fille, lui dit-il, notre imagination surexcitée nous rend souvent les jouets d’illusions qu’il faut presque toujours rejeter dans le domaine des songes ; mais l’église nous enseigne aussi que des prodiges semblables à celui que vous me racontez peuvent réellement avoir lieu. Ce n’est pas à nous, être stupides et ignorants, à poser des limites à la puissance de Dieu ! Ce n’est pas à