mouvement il est capable de me frapper. Je ne sais où donner de la tête ; j’ai presque envie de prendre la fuite jusqu’à ce que l’orage soit passé.
— Ah çà ! dit Jules, qui avait entendu, pourquoi n’as-tu pas eu recours à moi ?
— Dame ! dit Dubuc en secouant la tête.
— Crois-tu, fit Jules, crois-tu que pour un coup de pied de plus ou de moins, je laisserais un écolier dans l’embarras et exposé à la brutalité de son aimable père ? Il est bien vrai que tu m’as presque éreinté, mais c’est une affaire à régler en temps et lieu. Combien te faut-il ?
— Ah ! mon cher Jules, répliqua Dubuc, ce serait abuser de ta générosité. Il me faudrait une forte somme et je sais que tu n’es pas en fonds dans le moment : tu as vidé ta bourse pour assister cette pauvre veuve dont le mari a été tué par accident.
— En voilà un caribou celui-là, dit Jules, comme si l’on ne trouve pas toujours de l’argent pour soustraire un ami à la colère d’un père avare et brutal qui peut lui casser la barre du cou ! Combien te faut-il ?
— Cinquante francs.
— Tu les auras ce soir, fit l’enfant.
Jules, fils unique, Jules, appartenant à une famille riche, Jules l’enfant gâté de tout le monde, avait toujours de l’argent à pleines poches : père, mère, oncles, tantes, parrains et marraines, tout en proclamant bien haut cette maxime : qu’il est dangereux de laisser les enfants disposer de trop fortes sommes, lui en donnaient cependant à qui mieux mieux, à l’insu les uns des autres !
Dubuc avait pourtant dit vrai : la bourse était à sec dans le moment. C’était, d’ailleurs, alors une forte