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LÉGENDE DE MADAME D’HABERVILLE.

beaucoup étudié l’histoire d’Écosse, et je puis vous certifier que les Écossais ne le cèdent ni en valeur ni en patriotisme à aucune nation du monde connu, ancienne ou moderne.

— Vous voyez bien, repartit le chevalier, que j’ai voulu seulement faire endêver tant soit peu mon second neveu de Locheill, car Dieu merci, fit-il en se rengorgeant, nous nous flattons de connaître l’histoire. Arché sait très bien la haute estime que j’ai pour ses compatriotes, et l’hommage que j’ai toujours rendu à leur bouillant courage.

— Oui, mon cher oncle, et je vous en remercie, dit Arché en lui serrant la main. Mais défiez-vous des Anglais ; défiez-vous de leur persévérance ; ça sera le delenda est Carthago des Romains.

— Tant mieux ; dit Jules : merci de leur persévérance : ils me donneront alors l’occasion de revenir au Canada avec mon régiment. Que ne puis-je faire mes premières armes contre eux ici, dans la Nouvelle-France ; sur cette terre que j’affectionne et qui renferme ce que j’ai de plus cher au monde ! Tu reviendras avec moi, mon frère Arché, et tu prendras ta revanche sur cet hémisphère de tout ce que tu as souffert dans ta patrie.

— De tout mon cœur, s’écria Arché en serrant, avec force, le manche de son couteau, comme s’il eût tenu en main la terrible claymore des Cameron of Locheill ; je servirai comme volontaire dans ta compagnie, si je n’obtiens pas un brevet d’officier ; et le simple soldat sera aussi fier de tes exploits que s’il lui en revenait une plus grande part.

Les jeunes gens s’animèrent à l’idée d’exploits futurs ; les grands yeux noirs de Jules lancèrent des