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Arché de Locheill n’était âgé que de douze ans, en l’année 1745, lorsque son père joignit les étendards de ce jeune et infortuné Prince, qui, en vrai héros de roman, vint se jeter entre les bras de ses compatriotes écossais pour revendiquer, par les armes, une couronne à laquelle il devait renoncer pour toujours après le désastre de Culloden. Malgré la témérité de l’entreprise, malgré les difficultés sans nombre qu’offrait une lutte inégale contre les forces redoutables de l’Angleterre, aucun des braves montagnards ne lui fit défaut : tous répondirent, au contraire, à l’appel, avec l’enthousiasme d’âmes nobles, généreuses et dévouées : leur cœur fut touché de la confiance du Prince Charles Édouard en leur loyauté, et de cette grande infortune royale.

Au commencement de cette lutte sanglante, le courage triompha du nombre et de la discipline ; et les échos de leurs montagnes répétèrent au loin leurs chants de triomphe et de victoire. L’enthousiasme fut alors à son comble : le succès ne paraissait plus douteux. Vain espoir ! il fallut enfin succomber après les faits d’armes les plus éclatants. Archibald Cameron of Locheill, père, partagea le sort de tant d’autres soldats valeureux qui ensanglantèrent le champ de bataille de Culloden.

Un long gémissement de rage et de désespoir parcourut les montagnes et les vallées de l’ancienne Calédonie ! Ses enfants durent renoncer pour toujours à reconquérir une liberté pour laquelle ils avaient combattu pendant plusieurs siècles avec tant d’acharnement et de vaillance. Ce fut le dernier râle de l’agonie d’une nation héroïque qui succombe.

L’Écosse, partie intégrale, maintenant, d’un des plus