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LES ANCIENS CANADIENS.

remarquable. Leur costume est le même : capot de couverte avec capuchon, mitasses écarlates bordées de rubans verts, jarretières de laine bleue tricotées, large ceinture aux couleurs vives et variées ornée de rassades, souliers de caribou plissés à l’iroquoise, avec hausses brodées en porc-épic ; et, enfin, chapeaux de vrai castor rabattus sur les oreilles, au moyen d’un fichu de soie rouge noué sous le col.

Le plus jeune montre une agitation fébrile et porte, à chaque instant, ses regards le long de la rue Buade.

— Tu es donc bien pressé de nous quitter, Jules, dit un de ses amis, d’un ton de reproche ?

— Non, mon cher de Laronde, répliqua d’Haberville ; oh ! que non, je t’assure ; mais puisqu’il faut que cette séparation pénible ait lieu, je suis pressé d’en finir : ça m’énerve ; il est bien naturel aussi que j’aie hâte de revoir mes chers parents.

— C’est juste, fit de Laronde ; et, d’ailleurs, puisque tu es Canadien, nous vivrons dans l’espoir de te revoir bien vite.

— Il n’en est pas de même de toi, cher Arché, dit un autre : je crains bien que cette séparation soit éternelle, si tu rentres dans ta patrie.

— Promets-nous de revenir ! cria-t-on de toutes parts.

Pendant ce colloque, Jules part comme un trait au-devant de deux hommes s’avançant à grands pas, le long de la cathédrale, avec chacun un aviron sur l’épaule droite. L’un d’eux porte le costume des habitants de la campagne : capot d’étoffe noire tissée dans le pays, bonnet de laine grise, mitasses et jarretières de la même teinte, ceinture aux couleurs