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chaque pièce, 20 centimes
261e et 262e livraisons.
THÉATRE CONTEMPORAIN
ILLUSTRÉ
michel lévy frères, éditeurs
rue vivienne 2 bis


LE 66 !


OPÉRA-COMIQUE EN UN ACTE
Paroles DE MM. de FORGES et LAURENCIN
Musique de m. J. OFFENBACH
représenté pour la première fois, à paris, sur le théâtre des bouffes-parisiens, le 31 juillet 1856.



PERSONNAGES

FRANTZ, jeune tyrolien, chanteur ambulant · · · · · · M. Gerpré.

GRITTLY, sa cousine, idem · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Mlle  Mareschal.

JOSEPH BERTHOLD, colporteur · · · · · · · · · · · · · · · M. Guyot.


La scène se passe aux environs d’une petite ville de Wurtenberg.




Le théâtre représente un paysage ; au fond, une route descendant par la montagne et dominant un ravin ; à droite du spectateur une fontaine avec un banc de pierre ombragé par un bouquet d’arbres.


Scène première.

FRANTZ, GRITTLY.


(Au lever du rideau la scène est vide. — On entend Frantz et Grittly qui chantent en dehors en se rapprochant peu à peu.)
FRANTZ ET GRITTLY
–––––––Libre et joyeux par le monde,
–––––––Vole, vole, passereau…
–––––––Que la brise te seconde,
–––––––Vole, vole, passereau…
–––––––Comme toi plein de courage,
–––––––L’enfant du Tyrol voyage,
–––––––Vole, vole, passereau…
–––––––Puis à son nid fidèle
–––––––Il revient à tire-d’aile,
–––––––Vole, vole, passereau…

(Grittly entre la première et va s’asseoir sur le banc de pierre. Frantz s’arrête un moment sur une colline pour parler à quelqu’un que l’on ne voit pas. Ils ont chacun une guitare et des paquets.)

FRANTZ, à la cantonade.

Oui… le chemin à gauche, merci, bien obligé, ma brave femme !… et toujours tout droit… tout droit… tu entends, Grittly, il n’y a pas à s’y tromper… (La voyant assise.) Eh bien ! petite cousine, te voilà déjà installée ?…

GRITTLY.

Je me repose donc… mes jambes refusent le service…

FRANTZ.

C’est-il délicat, et pas fort du tout une femme… Qu’est-ce que je dirai donc, moi, qui porte les provisions et les bagages ?

GRITTLY.

Oh ! un homme ! ça ne fatigue pas !…

FRANTZ.

Ça, c’est vrai, que c’est solide un homme. Ça va… ça va… (S’asseyant à côté d’elle.) Je me reposerais bien tout de même un brin…

GRITTLY, riant.

Ah ! tu vois bien.

FRANTZ.

Ah ! c’est pas moi… c’est mon estomac qui me dit qu’il doit être l’heure de déjeuner.

GRITTLY.

C’est vrai, au fait… Nous laisserons passer la grande chaleur…