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ANATOLE.

Quoi ! tu ne me reconnais pas ?

MARIELLE.

Monsieur Anatole !

ANATOLE.

Eh ! oui… c’est moi !…

MARIELLE.

Comme il est fait !… Comme il est mouillé !.. Venez, mettez vous là…

ANATOLE, ôtant son manteau.

Bonne sœur… tu ne m’as donc pas oublié ?

MARIELLE.

Vous oublier !.. moi !.. mais, quelle imprudence à vous d’être revenu dans le pays ! si l’on vous découvrait !…

ANATOLE.

Je sais tous les dangers que je cours… Mais, ma mère était malade… en danger, peut-être… pouvais-je hésiter… Depuis plusieurs jours j’errais dans les environs… Hier au soir, enfin, je suis parvenu à m’introduire au château… j’ai embrassé ma mère.. pauvre femme !… ma vue lui a fait du bien.. et maintenant, je suis plus tranquille ; cependant, je n’ai pas voulu quitter ce pays, peut-être pour toujours, sans la recommander encore à tes soins, à ton amitié.

MARIELLE.

Ah ! comptez sur nous… mais, en ce moment…

ANATOLE.

Qu’as-tu donc ?… tu parais inquiète.

MARIELLE.

C’est que si quelqu’un venait à rentrer…

ANATOLE, souriant.

Ah ! oui… quelqu’un qui n’est pas de mes amis… ton mari.

MARIELLE.

Mon mari !… ah ! je suis bien malheureuse, allez…

ANATOLE.

Pauvre Marielle… En effet, j’ai appris que lorsque cette maison fut vendue avec tous nos biens, le nouveau propriétaire, devenu votre créancier, força ton consentement, en te menaçant de pour suivre ta mère…

MARIELLE.

Oui, mais, ce que vous ne savez pas, monsieur Anatole… je puis tout vous dire, à vous, mon frère de lait…. Je ne suis pas encore mariée !…

ANATOLE.

Comment ?

MARIELLE.

Monsieur Sauvageot ne pensait pas à m’épouser, ear, ce qu’il aime avant tout, c’est l’argent… Mais la réquisition vînt dans le pays… elle le menaçait comme tous les garçons… alors…