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chambre… C’est pas encore là un homme dont je serais fou… (Regardant autour de lui avec mystère.) Ah ! ça je viens pour vous prévenir que nous allons ben vîte profiter de son absence et que c’est pour aujourd’hui notre mariage… (Riant.) Il a donné dedans comme les autres, le militaire… Ils croyent tous que nous sommes mari et femme… Mais, ce soir, tout sera bâclé.

MARIELLE, soupirant.

Déjà !

SAUVAGEOT.

Tiens, dites-donc, déjà !… Si vous n’êtes pas pressée, je le suis, moi… j’ai pas envie d’être réquisitionnaire… d’ailleurs, c’est pas une si mauvaise affaire que vous faites là… vous n’avez rien, vous et votre octogénaire de mère… quand je dis que vous n’avez rien… vous avez des dettes… vous me devez six termes de loyer… j’ai prise de corps sur l’octogénaire (Il prend la taille de la mère Flouquet.) et en vous épousant, je lui donne quittance… c’est pas gentil ça… c’est pas grand ?…

LA MÈRE FLOUQUET.

Allons, encore des reproches…

SAUVAGEOT.

Du tout, je ne reproche rien… mais, au lieu de vous plonger sous les verroux, je vais vous faire nager dans l’abondance, vos cheveux blancs vont goûter toutes les douceurs de la vie… ainsi, c’est bien convenu, ce soir, à dix heures, Grichon le municipal apportera ici son grand registre… C’est mon intime et il veut bien faire ça pour moi… j’aurai pour témoins deux autres intimes, et le sergent sera enfoncé…

MARIELLE, à part.

Je ne pourrai jamais aimer cet homme-là !

SAUVAGEOT.

Allons, à tantôt… sans adieu, mam’selle Marielle… mon épouse… En attendant, je vas me mettre à la tête de mes hommes de garde nationale et je vas donner la chasse à mon suspect.

Air : des Fatigues du voyage (Tony).
–––––––Avant la cérémonie,
–––––––Je vas tâcher, quel honneur,
–––––––D’être utile à ma patrie,
–––––––Et de prouver ma valeur.
–––––––(A Marielle) Epoux, soldat, ma p’tit’femme,
–––––––Mon zèl’ ne peut s’ralentir,
–––––––Et quand l’ devoir me réclame.,.
–––––––Faut pas qu’ ça vous fass’ rougir.
ENSEMBLE.
–––––––Avant la cérémonie, etc.
MARIELLE ET LA MÈRE FLOUQUET.
–––––––Qu’ vous a-t-il fait, je vous prie ?
–––––––L’arrêter, c’est une horreur,
–––––––Servir ainsi sa patrie
–––––––Ça doit vous porter malheur.