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silence aux femmes, la bouche obstruée par le membre en travail, doit se taire. Donc, hommes et femmes suçaient, la mode ne se perdit point dans la suite, lisons sur ce point les propos aimables, que dans un entretien d’Aloisia, Chrysogonus adresse à Sempronie pour obtenir la complaisance de sa bouche :

« Il y a trois jours, dit Octavie, Chrysogonus vint voir ma mère dans l’après-midi. Tout était calme et rassurant. Il la lutine et devient bientôt enragé : « Ce matin, dit-il, j’ai appris un nouveau genre de jouissance. Un des plus illustres parmi nos contemporains, qui ne se repent point de sa façon d’agir, m’a déclaré qu’il n’y avait rien de plus infect, à son avis, rien de plus dégoûtant chez sa femme que la partie d’en bas par laquelle elle est femme. (Il a pourtant épousé une fort belle femme). Dans cette sentine, dit-il, résident les purulentes stymphalides, tandis que les vrais baisers, les vrais amours sont là (Chrysogonus, en disant ces mots, embrassait Sempronie sur la bouche). Aussi évite-t-il l’antre qu’il déteste, qui exhale des odeurs méphitiques, et lui préfère-t-il la bouche pure et la figure séduisante. En elle seule il a confiance, pour elle seule il bande. Sa femme est aussi spirituelle que belle, et surtout pleine de complaisances. Elle tient pour nulle toute jouissance que son mari n’éprouve pas, elle jouit lorsqu’il jouit. Elle approuve toutes les luxures de son mari, elle s’y prête. Ainsi lui présente-t-elle une bouche complaisante. Que ferais-tu, toi, Sempronie, si je t’adressais la même prière ? Si tu me refusais, je serais en droit de dire que tu renies tes promesses et la foi donnée. Et puis tu n’ignore pas que le beau corps d’une femme aimée n’est autre chose, comme disait Socrate, qu’un trésor vivant de voluptés, où les hommes enferment