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qu’une science livresque et, plongé dans les livres, nous nous mêlons peu aux hommes. Nous nous sommes diverti à ce travail durant nos loisirs, d’abord par fantaisie, les chapitres s’enchaînant un à un : car la philosophie, en l’étude de laquelle nous pensions jadis à fixer notre vie et à dresser en quelque sorte notre tente, se meurt. S’il en survit quelque chose, chaque jour à peu près voit éclore de nouveaux dogmes bientôt éteints : il y a autant de philosophies que de philosophes, il n’existe plus d’écoles, plus de troupes rangées, mais seulement des isolés. Et puis surtout nous avions quelque souci des désirs de ceux qui, souvent hésitants devant la simplicité libre et les plaisanteries crues des écrivains anciens, se plaignaient d’être mal servis par la pudicité des traducteurs ou trop concis ou même muets. Il est vrai que ceux-ci écrivaient pour les enfants : et nul ne disconviendra qu’ils avaient raison d’éviter la précision et la lumière dans le récit des voluptés obscènes.

Si nous commettons quelque erreur, vous voudrez bien pardonner à l’insuffisance de notre bagage et à notre ignorance des dépravations bizarres, ignorance coutumière dans nos petites villes.

L’exemple, au reste, n’est pas parti de nous. D’autres nous ont précédé : Astyanassa qui, au témoignage de Suidas fut la première à traiter des postures vénériennes, et Philénis de Samos, ou plutôt, pour laisser à chacun la réputation qu’il mérite, Polycrate, sophiste athénien, qui a écrit sous le nom de cette honnête matrone un ouvrage sur les diverses formes du baiser ; et Elephantis ou Eléphantine, jeune Grecque, dont les œuvres licencieuses ornaient, dit-on, la chambre à coucher de l’empereur Tibère ; et Paxamos, qui a composé un Dôdekateknon, traité sur les attitudes du baiser ; et Sota-