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Ta langue est bonne à sucer les hommes dans leur milieu. Pourquoi as-tu coupé ta mentule avec une bouteille en poterie de Samos si le cunnus te plaît tant, Béticus ? C’est ta tête qu’il faut couper, car bien que tu sois eunuque par l’aine, tu n’en es pas moins infidèle au culte de Cybèle : tu es homme par la bouche. »

De plus Martial « soupçonnait en effet, Béticus, te nourrir de déjections ? »

Car absorber des choses putrides pouvait aussi bien se dire du fellateur que du cunnilingue ; l’un et l’autre étaient appelés « coprophages ». Mais Béticus a affaire au gouffre féminin, il est homme par la bouche ; donc il lèche, il ne suce pas. Au contraire, la langue adultère de Tongilion, suce, ne lèche pas. La langue du cunnilingue joue en effet le rôle d’un homme adultère puisqu’elle pénètre le sexe de la femme, tandis que la langue du fellateur joue le rôle d’une femme adultère, puisqu’elle est souillée.

Tibère César, dans sa retraite de Caprée, paraît n’avoir pas fait fi des jouissances cunnilingues : cet homme flétri de toutes les turpitudes, de quelle autre, si ce n’est de celle du cunnilingue, le croirions-nous donc accusé dans la chanson atellane que rapporte Suétone et qu’applaudissait si fort le peuple entier : Un vieux bouc lécher le sexe des chèvres » ?

Sextus Clodius lui aussi, à qui Cicéron reproche si souvent l’impureté de sa bouche et la saleté de sa langue semble bien avoir léché des cunnus. De là cette saillie de Cicéron :

« Ma parole, Sextus, tu es devenu logicien, et sur ce sujet aussi tu te mets à lécher. »

Les Grecs non plus ne dédaignaient pas non plus la jouissance du cunnilingue. Ils parlaient souvent d’individus