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HUMBLE SUPPLIQUE À LA COMÈTE.



1er  mars 1857.

« Vous allez, dit-on, madame, venir bientôt chez nous. Est-il vrai que c’est pour détruire notre petit globe et tous les petits hommes qui le couvrent ? Est-il vrai que nous ne verrons plus qu’une fois le beau printemps, le clair soleil et les belles fleurs ? Est-il vrai que vous allez frapper également les bons et les méchants ? Je ne puis le croire, car ce serait bien injuste à vous.

» Je connais tant de bonnes gens qui méritent un meilleur sort. Ce sont pour la plupart des paysans, des ouvriers, des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des poëtes, tous travaillant de la tête ou des mains pour vivre, ne demandant qu’à vivre quand leur cœur bat et à chanter quand la chanson leur vient aux lèvres. Ils aiment le vin, les femmes et la musique ; n’ont jamais songé à faire souffrir quoi que ce soit, et posent volontiers le pied à droite plutôt qu’à gauche pour ne pas écraser un chétif