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III.


Un dimanche, Roosje alla à la messe, accompagnée seulement d’un vieux domestique qui avait nom Claes le Tousseux et la suivait comme pour la protéger, mais qui, à l’occasion, eût dû être défendu par elle, tant il était quinteux, goutteux, cassé et courbé de vieillesse.

Au retour de l’église Roosje se montra tout agitée et transie, Ser Huygs s’enquit d’elle si c’était de froid qu’elle souffrait ainsi, elle répondit qu’elle avait chaud comme au feu d’un soleil d’été. Johanna la regardait bien fixement et vit qu’en effet ce n’était point le froid qui pouvait la rendre rêveuse, pensive et inquiète, ni la faire se retourner plusieurs fois avec terreur, comme s’il y eût quelqu’un derrière elle.

Ser Huygs étant sorti pour vaquer à ses affaires, Johanna demanda à Roosje pourquoi elle n’était point gaie et paisible comme de coutume.

— Il ne faut, répondit Roosje, rire de moi, ma sœur, si je te raconte en confiance, la bien simple et bien étrange