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» Il resta bien longtemps à fumer son narguileh à la porte de la tente de son hôte. Un enfant l’entendit chanter le soir, dans sa langue, une chanson dans laquelle il disait parfois : « Zuleika ! »

» On disait dans la tribu que Dieu avait retiré la raison à l’hôte d’Ahmed.

» Allah ! Dieu seul est grand ! Le chrétien n’était pas fou, il convoitait l’épouse de Mahom, l’étoile venue d’Essen à la tribu.

» Astarté avait soufflé dans son cœur le feu de la concupiscence, et le génie du rapt avait plané au-dessus de lui.

» Zuleika était belle ; ses épaules rondes semblaient d’or, sa poitrine était de marbre et ses pieds étaient agiles comme ceux d’une aimée. Elle avait de grands et beaux yeux, voilés par la gaze noire de ses cils ; sa bouche semblait une rose du jardin du prophète, et ses cheveux pouvaient la couvrir tout entière de leur voile sombre.

» Zuleika était belle, et le chrétien désirait Zuleika.

» Un jour, Mahom partit pour négocier de la poudre d’or, et laissa sa bien-aimée à la garde de son frère.