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ACH ACH

d’autre mère que la Terre. Il vivoit dans un antre où Junon ſe réfugia, lorſqu’elle fuyoit les pourſuites amoureuſes de Jupiter ſon frère, & qui devint ſon époux. Achille, par ſes diſcours ſéduisans, fléchit les rigueurs de cette Déeſſe ; & ce fut dans cet antre que ſe fit la conſommation du mariage entre le frère & la ſœur. Mais voyez Junon. Jupiter, en reconnoiſſance de ce ſervice, promit à Achille que tous ceux qui, dans la ſuite, porteroient ſon nom, ſe rendroient célèbres. Le fils de Thétis, dont on va parler dans un moment, a bien vérifié cette promeſſe.

ACHILLE, fils de Jupiter & de Lamie, étoit ſi beau, qu’il remporta le prix de la beauté ſur Venus, qui le lui diſputa. C’eſt en punition de ce jugement que Venus rendit Pan, qui l’avoit prononcé, amoureux de la Nymphe Echo, & en même temps ſi laid, qu’il ſuffiſoit de le voir pour le haïr.

ACHILLE, fils de Thetis & de Pelée, s’appella d’abord, ſuivant Apollodore & quelques autres, Higyron. Il fut encore nommé Pyriſoüs. Il a été l’un des plus grands Héros de l’ancienne Grèce. Il nâquit à Phtia, ville de Theſſalie : la Déeſſe ſa mère voulut le rendre à la fois invulnérable & immortel. Pour le rendre invulnérable, elle le plongea dans les eaux du Styx ; mais elle oublia d’y tremper auſſi le talon, par où elle l’avoit tenu pour faire ſon immerſion : ce talon demeura ſujet aux bleſſures ; & ce fut-là qu’il reçut celle qui lui donna la mort. Les Auteurs ne ſont cependant pas bien d’accord ſur ce point ; car on en trouve pluſieurs qui parlent de bleſſures reçues par Achille, en différens endroits du corps.

Croyant conſommer tout ce qu’il avoit de mortel, Thetis le frottoit le jour d’ambroſie, & le mettoit la nuit ſous la braiſe. Pluſieurs Auteurs rapportent que cette Déeſſe, par ce manège, avoit fait périr ſix de ſes enfans ; & qu’Achille, qui étoit le ſeptième, auroit eu le même fort, ſi ſon mari, qui la ſurprit, ne l’eût empêchée de réitérer l’opération.

Homère donne à ce Héros Phénix, fils d’Amyntor, Roi des Dolopes, en Épirée, pour nourriſſier & pour précepter. « Vous ne vouliez manger, lui dit Phénix, Iliad. liv. 9, v. 482, ni à la maiſon, ni ailleurs, que je ne vous miſſe ſur mes genoux, que je ne vous coupaſſe vos morceaux, & que je ne vous fiſſe boire moi-même. Il vous eſt ſouvent arrivé, pendant votre enfance mal-aiſée, de gâter mes habits, du vin que vous rejettiez. » Voyez Phénix.

Mais, ſuivant la tradition la plus commune, ſon éducation