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Le Roi obéit : & ſa cour devint comme la maiſon d’un particulier ſage, éclairé, & ſociable, ou les enfans, les amis, les domeſtiques, parlent, conſeillent, agiſſent, avec intelligence & zele, pour le plus grand bien du maître & de la famille. L’intérêt de la choſe publique fut la penſée habituelle du Roi : en ſe couchant, en ſe réveillant, en ſe promenant, il étoit occupé du bien de ſes ſujets, de la gloire de ſon état, & de la ſienne propre. Du moment où il eut vraiment beſoin de ſe délaſſer, ſes divertiſſemens ceſſerent d’être ruineux, & il s’amuſa plus & à beaucoup moins de frais. La ſageſſe lui tenoit parole, & toujours à ſa portée, elle l’aidoit en toute occaſion de ſes conſeils. Un jour il lui demanda quelle devoit être ſa principale lecture ? Elle répondit : l’hiſtoire. Un autre jour elle lui dit : chacun de tes miniſtres veut ſignaler ſon élévation, & en marquer l’époque, par quelque réforme qui eſt ordinairement ou puérile, ou cruelle, par des inſtitutions dont les inconvéniens, non-encore éprouvés, exiſtent néanmoins, & ne tardent pas à paroître. C’eſt ſur-