Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il faut encôre qu’un habile Négociateur ne neglige pas de s’acquerir par des ratifications & des penſions ſecretes certaines gens qui ont plus d’eſprit que de fortune, qui ont l’art de s’inſinuer dans toutes les Cours, & deſquels il peut tirer de grandes utilitez quand il les ſait bien choiſir. On a vû des Muſicien & des Chanteuſes, qui par les entrées qu’ils avoient chez certains Princes & chez leurs Miniſtres, ont découvert de trèſ-grands deſſeins. Ces mêmes Souverains ont de petits Officiers neceſſaires auſquels ils ſont ſouvent obligez de ſe confier, qui ne ſont pas toûjours à l’épreuve d’un preſent fait bien à propos, & on trouve même de leurs principaux Miniſtres aſſez complaiſans pour ne les pas refuſer quand on ſait les leur offrir de bonne grace.

Il arrive d’ordinaire dans les negociations ce qui arrive dans la guerre, que les eſpions bien choiſis contribuent plus que toutes choſes au bon ſuccès des grandes entrepriſes, il n’y a rien de