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ſes avec douceur ; cela vient de ce que tous les hommes ſont vains & ſacrifient ſouvent de ſolides interêts à leur vanité.

Lorſqu’un Prince ſuperieur a de veritables ſujets de ſe plaindre d’un inferieur & qu’il veut en tirer raiſon pour en faire un exemple, il faut que le coup accompagne ou ſuive immediatement la menace, & il ne faut pas que ſes Negociateurs lui en laiſſent jamais rien appercevoir par leurs diſcours, afin de ne lui pas donner le tems & le pretexte de ſe mettre à couvert des coups qu’on lui deſtine, en prenant des liaiſons avec d’autres Puiſſances ennemies ou jalouſes, ce qu’il choiſit preſque toûjours plûtôt que de ſe ſoumettre aux volontez de celui qui le menace.

La plûpart des Miniſtres des grands Princes ont pour maxime d’éviter de donner par écrit les intentions de leurs Maître, & ils préferent toûjours de les expoſer de vive voix, parce qu’ils ont plus de facilité à interpreter ce