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mes ; il y en a peu qui ne ſe laiſſent toucher par la droite raiſon, ſur tout lorſque celui qui la poſſede dans un certain dégré de perfection, cherche toûjours a l’employer pour leur être utile & agreable, autant qu’il eſt en ſon pouvoir.

Tout homme d’eſprit qui deſire fortement de plaire à un autre homme avec qui il eſt en commerce, y réüſſit d’ordinaire, & trouve les moyens d’en être favorablement écoutè.

Que ſi un Negociateur trouve en la perſonne d’un Prince ou d’un principal Miniſtre un eſprit mal-fait ou prévenu juſqu’au point de n’être ſuceptible d’aucune raiſon, ni touché de ſes veritables interêts, il ne doit pas pour cela abandonner la pourſuite de ſon deſſein, il faut qu’il faſſe ce que feroit un bon Horloger, qui auroit une horloge détraquée, il travailleroit à redreſſer ce qui y ſeroit deffectueux ; un Negociateur doit regarder d’un même œil, & avec le même sang-froid, les obſtacles qui s’oppoſent au ſuccès