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celles qui ſont fâcheuſes par elles-mêmes.

Le Princes ſont accoûtumez dès leur naiſſance à la ſoumiſſion, aux reſpects, & aux loüanges de ceux qui les environnent, cela les rend plus ſenſibles & plus faciles à irriter par les contracdictions, par les diſours trop libres ou trop familiers, par les railleries, & par certaines veritez qui n’ont pas accoûtumé de frapper leurs oreilles. Il faut qu’un bon Negiciateur évite autant qu’il eſt poſſible de choquer la fierté naturellement attachée à leur condition, il ne doit pas les loüer avec fadeur, ni leur applaudir baſſement dans les choſes blâmables ; mais il ne doit pas auſſi perdre les occaſions de leur donner les loüanges qu’ils ont meritées, & s’il a le cœur & l’eſprit bien fait, il ſaura les leur donner avec choix & avec dignité.

La grande habitude que les Souverains ont à s’entendre loüer, les rend d’ordinaire plus délicats que le commun des hommes en matiere de loü-