Page:De Callières - De la manière de négocier avec les souverains, Amsterdam, 1716.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où il a appris ſon métier ; par le long exercice qu’il en a fait.

Il n’en eſt pas de même des bons Negociateurs, ils ſont plus rares parmi nous, parce qu’on n’y a point encore établi de diſcipline & de regles certaines, pour inſtruire de bons Sujets dans les connoiſſances neceſſaires à ces ſortes d’emplois ; & qu’au lieu d’y être élevez par dégrez, & à proportion de leur capacité & de leur expérience, comme dans les emplois de la guerre, on voit ſouvent des hommes qui ne ſont jamais ſortis de leurs pays, qui n’ont eu aucune application a s’inſtruire des affaires publiques & d’un génie médiocre, devenir pour leur coup d’eſſai Ambaſſadeurs dans des Pays dont ils ne connoiſſent ni les intérêts, ni les loix, ni les mœurs, ni la langue, ni même la ſituation.

Cependant il n’y a peut-être point d’emploi plus difficile à bien faire que Celui-la ; il y faut de la penetration, de la dexterité, de la ſoupleſſe, une grande étenduë de connoiſſances, & ſur-