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lui qui fait des pratiques & des attentats contre le Prince ou contre le gouvernement du pays où il reſide ; mais afin de ne point contrevenir au droit des gens, qui doit toûjours être reſpecté ; il eſt plus à propos de renvoyer de tels Ambaſſadeurs que de les punir, on peut leur donner des gardes pour empêcher qu’ils ne continuënt leurs pratiques juſqu’à ce qu’il ſoient hors de l’Etat, en ſe ſervant du prétexte honnête de pourvoir à leur ſûreté.

Un ſage Ambaſſadeur doit éviter de tomber dans de parreilles intrigues ; car ſi le droit des gens le garantit d’en être puni de la part du Prince ou de ceux qui gouvernent l’Etat, il ne le garantit pas toûjours de la fureur d’un peuple aiſé à exciter contre lui & de laquelle on ſe juſtifie en la déſavoüant.

Un Miniſtre eſt à plaindre quand il a ordre de ſon Maître de former des cabales dangereuſes dans l’Etat où il eſt, & il a beſoin de toute ſon adreſſe & de tout ſon courage pour ſe tirer d’un pas ſi gliſſant