Page:De Broyer - Feuillets épars, contes, 1917.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60

jours. Il la voyait si jeune, si gracieuse… et le vieil Indien souriait à cette vision.

Tout à coup, un homme se présenta au seuil de la tente.

— Qui es-tu ? fit Wawonaissa en levant la tête.

— Un étranger…

— Que veux-tu ?

— L’hospitalité !

— Entre, hôte que le Grand-Esprit m’envoie.

Le vieillard fit asseoir le nouveau venu auprès de lui, et demanda :

— Viens-tu de loin ?

— Je viens des bords d’une grande rivière. Je m’appelle Mowis et je cherche une jeune fille pour en faire ma femme…

À ce moment, Seboswisha parut. Elle avait été puiser l’eau au torrent qui dévale de la montagne. À la vue de l’étranger, ses joues se colorèrent et elle voulut se retirer.

— Cet hôte que le Ciel m’envoie, lui dit le père, est Mowis. Un long voyage a épuisé ses forces. Prépare-lui son repas et fais-lui une couche à côté de la mienne.

Sebowisha obéit.

— Voici le plaisir de mes yeux, ma dernière joie avant d’aller rejoindre mes ancêtres dans le domaine toujours fleuri du Grand-Esprit…

Le repas fut bref. Bientôt, les hommes se couchèrent, et l’on n’entendit plus que le bruit du vent…

Toute la nuit, Sebowisha rêva du nouveau venu. Elle le voyait s’avancer vers elle et lui prendre la main. Ils allaient doucement par une grande prairie où les fleurs embaumaient. Le jeune guerrier la pressait tendrement sur son sein…

L’aube à peine avait blanchi les monts que le vieil Indien réveilla son hôte et lui dit :