Avant de quitter sa chambrette, elle s’agenouilla encore devant l’image du Christ, puis sortit…
Elle suivit un long couloir obscur où d’autres formes la précédaient déjà. Comme des fantômes, toutes semblaient glisser. Au bout, une lampe clignotait, éclairant mal le large escalier sombre qui craquait sous les pas. Une odeur malsaine d’huile à brûler et de bois moisi flottait dans l’air humide…
La supérieure l’attendait dans une large pièce blanchie à la chaux. Elle lui donna des instructions et froidement la congédia.
Lorsque sœur Saint-André se trouva dehors, elle grelotta.
Peureuse, la jeune religieuse marchait vite, jetant des regards inquiets sur les buissons qui bordaient la route. Elle eût voulu une compagne pour faire le chemin.
Elle passa devant une maison de paysans. La porte était ouverte. La lumière dessinait sur l’obscurité une large bande d’or. De l’intérieur, une voix féminine l’interpella : « Eh là, ma sœur… attendez donc ! Vous allez à la ville ? Ça ne vous fait rien que je vous accompagne ? »
« Non, madame, au contraire ! »
Une vieille sortit. L’obscurité empêchait de distinguer ses traits. Courbée par l’âge, elle avançait avec peine. Sœur Saint-André lui offrit le bras.
« Bien merci, ma bonne sœur… »
Alors, mise en confiance par cette prévenance, sa langue se délia :
« Quelle bonne journée nous avons eue, ma chère sœur. Comme on est bien par un temps pareil, ne trouvez-vous pas ? Oui, c’est vrai, nous n’avons plus vingt ans… »