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Le Printemps


À. M. F. C.


Agenouillée sur son prie-Dieu, sœur Saint-André se recueillait.

De ses mains fines, elle cachait son visage, désirant communier plus étroitement avec Celui qu’elle implorait.

Mais son cœur ne s’exaltait pas, et ses ongles rosés meurtrissant ses joues pâles, elle sentait sa volonté faiblir.

Sa pensée n’allait plus à l’Être dont elle était la chaste épouse et… vaincue par le désir de rêver, la religieuse récita sa prière du bout des lèvres.

Levant la tête, elle découvrit par la fenêtre ouverte le parc du couvent, et plus loin, au delà des hauts murs qui l’enfermaient, les vergers poudrés de blanc et les premières maisons de la ville.

Le jour se mourait lentement, et de la terre s’élevait une légère gaze de buée pleine de senteurs. Le printemps régnait dans les jardins où naissaient de lointaines chansons.

Les marronniers du couvent paraissaient d’immenses