Comme celle du diable, la fois où… Mais, pardon, je m’écarte de mon sujet, revenons à notre aventure.
Lorsque Morisson atteignit l’âge de l’homme, ce caractère le gêna horriblement et, à son tour, il essaya de se rendre plus courageux. Mais sa poltronnerie était plus forte. Il se mit à désespérer de changer jamais.
Il en était là, lorsqu’un événement vint brusquement le métamorphoser.
Ai-je dit que Jim était sobre ? Je vous assure que, pour moi, c’était un mauvais client. Or, voilà qu’un jour, à l’occasion d’une fête, on entraîne mon Jim au cabaret. Par plaisanterie, on lui fait boire quelques pintes. Ah ! j’ai bien ri ce soir-là, Messieurs. C’est qu’il y prenait goût, mon bonhomme !
Vous comprenez qu’au bout de la quatrième pinte, il était ivre à ne plus savoir ce qu’il disait. Il partit seul, ne voulut pas qu’on l’accompagnât, prétendant être aussi brave qu’un autre. Et, pour l’instant, il disait vrai !
Il ressemblait à beaucoup de ces natures craintives auxquelles un verre d’alcool donne une passagère témérité dont elles sont les premières à s’étonner, une fois l’ivresse dissipée.
Lorsque Jim Morisson se réveilla le lendemain de cette fameuse soirée, il se prit à admirer lui-même son audace de la veille. Il rendit grâce à la bière d’avoir accompli ce miracle et, dès ce jour, se promit de le renouveler.
Aussi, le vis-je de plus en plus souvent. Aussitôt la besogne terminée, il arrivait en compagnie de deux ou trois autres fellows.
Ils séchaient quatre ou cinq pintes, tout en fumant la pipe.