Page:De Belina - Les Polonais et la commune de Paris (1871).pdf/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 58 —

ressentiment. C’est parce que la France croyait avoir subi une humiliation en 1815 qu’une hostilité sourde régnait chez elle contre l’Allemagne. Elle ne considérait pas la possession des contrées rhénanes comme une conquête, mais comme une reprise, et c’est avec le mot absurde « Revanche de Sadowa » que le chauvinisme a fait ses prosélytes depuis 1866.

« Nous voyons des publicistes allemands prétendre que l’Allemagne doit garder l’Alsace et la Lorraine, d’abord parce que ces pays ont été allemands, ensuite parce qu’il faut prouver à la France qu’il en coûte cher de faire la guerre aux voisins de l’Ouest. Ils voient dans cette annexion une satisfaction nationale et une garantie pour l’avenir. Si l’Alsace et la Lorraine demandaient à redevenir allemandes, je serais, pour ce qui concerne ma faible adhésion personnelle, tout disposé à répondre fiat ! S’il en est autrement, n’est-il pas à craindre que ces deux provinces ne soient une conquête bien gênante et fâcheuse ? Ne faut-il pas redouter surtout que l’amputation faite à la France ne profite à sa sève belliqueuse, et que, le délire patriotique s’emparant d’elle, un jour elle se précipite tête baissée dans des entreprises qui