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ODES FVNAMBVLESQUES.


En vain les accords de sa voix
Ont charmé les monstres ; parfois
Loin des flots sacrés il émigre,
Las, sinon guéri de prêcher
L’amour aux côtes du rocher
Et la douceur aux dents du tigre.

Il se demande s’il n’est plus,
Sous les vieux arbres chevelus
De cette France que nous sommes,
De l’Océan au pont de Kehl,
Un déguisement sous lequel
On puisse parler à des hommes ;

Et, voulant protester du moins
Devant les immortels témoins
En faveur des Dieux qu’on renie,
Quoique son âme soit ailleurs,
Il te prend tes masques railleurs
Et ton rire, ô sainte Ironie !