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régulièrement tous les quinze jours, depuis plus de trente ans ; mais, comme tous les écrivains contemporains ont passé par L’Artiste, comme cette maison d’un ami a toujours été une de leurs maisons, ils s’amusaient souvent à la railler eux-mêmes, comme ils font de tout ce qui leur appartient. Sachant que les bourgeois diront toujours d’eux pis que pendre, les poëtes, par une ironie très raffinée et très délicate, leur jouent souvent le mauvais tour de prendre les devants, et d’user par avance les plaisanteries que les bourgeois feront plus tard. L’Artiste, très aimé et très apprécié des écrivains, a toujours été pour ce motif le prétexte d’une innombrable quantité de fantaisies satiriques, de charges et de scies d’atelier. La plus célèbre de toutes a été imaginée par Alphonse Daudet. C’est la Prosopopée du fils du Bourreau, devenu rédacteur de L’Artiste, dont voici le texte :



            Fils de bourreau, bourreau moi-même,
            Je me suis vu réduit, hélas !
            A quitter un état que j’aime,
            Car les affaires n’allaient pas.