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marionnette couleur de rose. Heureusement personne n’a pris au sérieux ce conte à dormir debout, car c’eût été là un commencement bizarre pour le compositeur inépuisable qui peut et doit devenir un jour membre de l’Institut !

Quant à Louisa Melvil, c’était une de ces jeunes filles d’une beauté délicate, suave, idéalement parfaite, que le Théâtre nous montre quelquefois comme dans un rêve. Elle avait pour la parole comme pour le chant une voix adorable, des lèvres rouges comme une fleur, des cheveux réellement blonds, comme ceux d’Amédine Luther, aussi clairs mais plus fins, et d’une nuance un peu plus chaude, avec des sourcils bruns. C’était la gaieté ingénue, un sourire de rose et de lumière, une grâce de femme, des formes sveltes et accomplies, avec une jeunesse enfantine. Elle est morte à dix-neuf ans, d’une mort tragique. Ces divines figures de Juliettes, que nous entrevoyons, ne sont pas faites pour subir les outrages de la vieillesse, et elles ne peuvent que passer parmi nous, comme des apparitions mystérieuses.

Hervé fut emporté par la fatalité de sa gloire, et son théâtre devint le Théâtre Déjazet, où l’actrice