La Famille Bouthor, page 76, vers 150. ― Quiconque a habité ou parcouru la province connaît la famille Bouthor. Elle forme à elle seule, toujours augmentée ou renouvelée par des alliances, car c’est toute une tribu nomade, la troupe équestre d’un cirque ambulant où on montre, comme à celui des Champs-Élysées, les mêmes pas des écharpes, les mêmes clowneries et les mêmes sauts à travers les ronds de papier ; ce qui n’empêche pas nos écuyers parisiens de traiter la famille Bouthor comme les grands comédiens de l’hôtel de Bourgogne traitaient la troupe de Molière. J’ai eu tort de railler leurs musiciens, et spécialement celui qui joue du cor ; ils valent ceux que nous entendons tous les jours, si ce n’est qu’ils sont vêtus en lanciers polonais avec des uniformes bleu de ciel, comme Poniatowski ; mais peut-on dire que cela constitue une infériorité ?
Seul, ô Duprez !...&c., page 77, vers 189. ― Sur les démêlés du
grand ténor avec l’administration de l’Opéra et sur les
circonstances auxquelles font allusion les vers suivants, on
trouvera dans plus d’un livre les détails que je ne puis donner
ici. ― Taglioni, page 78, vers 226. ― C’est la grande Marie
Taglioni, la créatrice de la Sylphide, celle qui fut chez nous la
plus parfaite incarnation de la danse correcte, chaste et poétique.
La Grande-Chartreuse, page 80, vers 255. ― C’est le premier nom
que porta le bal public fondé par M. Bullier, près de la sortie du
jardin du Luxembourg qui regarde l’Observatoire. Il s’est appelé
ensuite la Closerie des Lilas (nom trouvé et donné à M. Bullier par
Privat d’Anglemont,) et en dernier lieu, lorsqu’on démolit l’ancien
Prado situé en face du Palais de Justice, il hérita de ce nom
légendaire parmi les étudiants, qu’il conserve encore aujourd’hui.
Béranger s’est montré une fois à la Closerie des Lilas, et il y a
été porté en triomphe, car il était dit qu’il ne lui manquerait de
son vivant aucune apothéose !
L’amour a Paris, page 81. ― Palmyre, vers 4, a été une modiste
dont la renommée emplissait les deux mondes ; aujourd’hui, je crois
qu’on ne retrouverait même plus les ruines... de Palmyre ! ― Les
corsets à la minute, vers 5 et 6, c’est-à-dire les corsets qu’on
détache en tirant une baleine, passaient, en 1846, pour des engins
pernicieux, réservés seulement aux belles et honnestes dames qui ne
sont jamais sans amours, comme le samedi n’est jamais sans soleil.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’autres corsets que ceux-là ;