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PRÉFACE.

parabase des Oiseaux ; il manque les chœurs, ces Odes vivantes qui font passer des personnages aux spectateurs du drame la même coupe remplie jusqu’aux bords d’un vin réparateur. En quelle langue peut-on s’écrier aujourd’hui sur un théâtre : « Faibles humains, semblables à la feuille légère, impuissantes créatures pétries de limon et privées d’ailes, pauvres mortels condamnés à une vie éphémère et fugitive comme l’ombre ou comme un songe léger, écoutez les oiseaux, êtres immortels, aériens, exempts de vieillesse, occupés d’éternelles pensées[1] ! » En quelle langue pourrions-nous dire aux boursiers, qui lisent dans leur stalle le cours de la Bourse : « L’Amour s’unissant aux ténèbres du Chaos ailé engendra notre race au sein du vaste Tartare, et la mit au jour la première. Avant que l’Amour eût tout mêlé, la race des Immortels n’existait pas encore ; mais quand le mélange de toutes choses fut accompli, alors parut le ciel, l’océan, la terre et la race immortelle des Dieux. Ainsi nous sommes beaucoup plus anciens que tous les Dieux. Nous

  1. Parabase des Oiseaux, traduction de M. Artaud.