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Sa muse a, réveillant la satire latine,
Comme un Titan vaincu foudroyé Lamartine ;
Pareille aux grands parleurs d’Homère et de Hugo,
Des rocs du feuilleton, la dure virago
Sur ce cygne plus doux que les cygnes d’Athènes
Fait couler à grand bruit ces paroles hautaines :
« Rimeur, que viens-tu faire au milieu du forum ?
Cet acte audacieux blesse le décorum.
Reste avec tes pareils ! Les gens de ta séquelle
Ne sont bons qu’à rimer une ode, telle quelle !
Tu chantes l’avenir ! le présent est meilleur.
Ce qui te convenait, ô divin rimailleur,
C’était, ambitieux du laurier de Pindare,
D’aller au mont Horeb pincer de la guitare
Pour ton roi légitime, ou plutôt d’arranger
Des vers de confiseur au Fidèle-Berger.
Mais ta loi sociale est une rocambole,
Et Fourier n’est qu’un âne à côté de Chambolle.
Tombe ! et, le front meurtri par mon divin talon,
Souviens-toi désormais d’admirer Odilon. »
Ainsi par ses gros vers, Némésis-Astronome,
Du poëte sacré, déjà plus grand qu’un homme,
A brisé fièrement les efforts superflus.