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Là, l’amour est un art comme la poésie :
Le Caprice aux yeux verts, la rose Fantaisie
Poussent la blanche nef que guident sur son lac
Anacréon, Ovide et le divin Balzac,
Et mènent sur ces flots, où le doux zéphyr passe,
La Volupté plus belle encore que la Grâce !
   O doux mensonge ! Avec tes ongles déjà longs,
Tâche d’égratigner la porte des salons,
Et peins-nous, s’il se peut, en paroles courtoises,
Les amours de duchesse et les amours bourgeoises !
Dis l’enfant Chérubin tenant sur ses genoux
Sa marraine aujourd’hui moins sévère ; dis-nous
La nouvelle Phryné, lascive et dédaigneuse,
Instruisant les d’Espard après les Maufrigneuse ;
Dis-nous les nobles seins que froissent les talons
Des superbes chasseurs choisis pour étalons ;
Et comment Messaline, encore extasiée,
Au matin rentre lasse et non rassasiée,
Pâle, essoufflée, en eau, suivant l’ombre du mur,
Tandis que son époux, orateur déjà mûr,
Dans son boudoir de pair désinfecté par l’ambre,
Interpelle un miroir en attendant la Chambre !
   Ah ! posons nos deux mains sur notre cœur sanglant !
Ce n’est pas sans gémir qu’on cherche, en se troublant,