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S’étale avec orgueil comme une vieille cible.
Les hommes sont plus laids encor, si c’est possible.
Triste fin ! si l’on songe, en voyant ces objets,
Que ce chœur endurci vaut les premiers sujets !
   Plus de ténors ! Leur si demande un cataplasme,
Et l’ut, le fameux ut, tombe dans le marasme.
En vain Pillet tremblant envoya ses zélés
Parcourir l’Italie avec leurs pieds ailés ;
En vain ils ont fouillé Rome, ville papale,
Naples, où la princesse à la pâleur fatale
Donne des rendez-vous aux jeunes cavaliers,
Et, courtisane avec des palais en colliers,
Venise, où lord Byron, deux fois vainqueur des ondes,
Poussait son noir coursier le long des vagues blondes,
Et Florence, où l’Arno, parmi ses flots tremblants,
Mêle l’azur du ciel avec les marbres blancs ;
Jusqu’au golfe enchanteur qu’un paradis limite,
L’ut ne veut plus lutter, le ténor est un mythe.
   Seul, ô Duprez ! toujours plus grand, toujours vainqueur,
Toujours lançant au ciel ton chant qui sort du cœur,
Fièrement appuyé sur ta large méthode
Qui reste, comme l’art, au-dessus de la mode,
O Duprez ! ô Robert ! Arnold ! Éléazar !
En voyant les cailloux qu’on met devant ton char,