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O ma blonde Évohé, ma muse au chant de cygne,
Regarde ce qu’ils font de ce théâtre insigne.
O pudeur ! autrefois, dans ces décors vivants
Où l’œil voyait courir le souffle ailé des vents,
L’eau coulait en ruisseau dans les conques de marbre,
Et le doigt du zéphyr pliait les feuilles d’arbre.
      L’orchestre frémissant envoyait à la fois
Son harmonie à l’air comme une seule voix ;
Tout le corps de ballet marchait comme une armée :
Les déesses du chant, troupe jeune et charmée,
Belles comme Ophélie et comme Alaciel,
Avaient dans le gosier tous les oiseaux du ciel ;
La danse laissait voir tous les trésors de Flore
Sous les plis de maillots, vermeils comme l’aurore ;
C’était la vive Elssler, ce volcan adouci,
Lucile et Carlotta, celle qui marche aussi