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C’est là que le pommier fleurit, et que la rose,
Fière de son bouton suave, encor tout blanc,
Déjà pâmée, attend que l’Aurore l’arrose
Et que l’enfant au dard la teigne de son sang.


IV

En cavalcade, au long des terrasses de brique,
Des dames, dont Zéphyr baise le front mutin,
Avec des cavaliers au sourire lubrique,
Passent dans leurs habits d’hermine et de satin.

Les pages, les muguets langoureux et bravaches,
Et les belles de cour, aux cheveux crespelés,
Font briller dans la nuit, sous d’insolents panaches,
Les fronts de leurs chevaux d’une flamme étoilés.

La nappe encore vierge est mise pour l’orgie,
Et les flacons d’argent brillent sur le dressoir,
Tandis qu’à la fenêtre, avec sa main rougie,
Elvire désolée agite son mouchoir.

Et dans l’ombre, un fuyard, qu’une autre ombre accompagne,
Les cheveux hérissés par le vent qui les suit,
Rejoint ses compagnons dans l’immense campagne,
Au galop d’un coursier sombre comme la Nuit.