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Cependant qu’en ce triste bagne
Songent leurs vivants désespoirs,
Et cependant que ta compagne
Pleure sous ses longs voiles noirs ;

Artiste, créateur sans tache,
Sage et patient ouvrier,
Souriante, la Muse attache
Sur ton front le divin laurier.

Sereine et fixant sur ton livre
Son regard clair comme un flambeau,
À jamais elle te délivre
De l’épouvante du tombeau.

Et l’envie aux dents de couleuvre
A beau se plaindre et crier : Non !
Elle fait briller sur ton œuvre
Luxuriante, et sur ton nom,

L’éclat lumineux et féerique,
Le flamboiement mélodieux
Qui sied au poëte lyrique
Dans son triomphe radieux ;

Et s’éveillant sous son doigt rose,
Chanteur illustre et vénéré,
Les clartés de l’apothéose
Ruissellent sur ton front sacré !