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ARISTIPPE

& s’embarqua dans le Parti du Tyran, ſans ſçauoir par quel mouuement il y eſtoit pouſſé, ni quelle paſſion il vengeoit. Il ioüoit vn perſonnage qu’il n’entendoit point : Il eſtoit le Soldat de ſa Femme, & penſoit eſtre vn des principaux Chefs de la Ligue. Par là on peut voir, qu’il eſt aiſé de ſe tromper, dans le iugement qu’on fait des actions des hommes, puis que les hommes meſmes, qui les font, y ſont les premiers trompez ; puis qu’ils n’en ſçauent pas touſiours la vraye cauſe. Ils ſont ſouuent inſtrumens aueugles, & ſans connoiſſance, de l’intereſt, ou de la paſſion d’autruy.

Les Speculatifs de Macedoine ne manquerent pas de publier de plauſibles, & de ſpecieuſes raiſons, de la reuolte de Meleagre. Les vns dirent, qu’vn reproche, que le Roy luy auoit fait, en preſence des Ambaſſadeurs de Theſſalie, luy entra si auant dans le cœur, & y fit vne ſi profonde playe, qu’il ne pût jamais en guerir, que les careſſes & les faueurs, qu’il receut, de-