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toit aux Peuples vne riche & abondante liberté, au lieu de leur maigre & ſterile ſeruitude. Il falſifia ſon deſſein, en pluſieurs autres façons, & iura, peut-eſtre, que ce deſſein luy avoit eſté inſpiré immediatement des Dieux immortels, & que le Soleil en eſtoit le premier autheur. Cependant quelques Manifeſtes qu’il fiſt voler, & quelque couleur de Iuſtice & de Religion qu’il donnaſt à ſon Entrepriſe, voicy la verité de la choſe.

Vn Medecin Grec, domeſtique de la Reine, ayant enuie de revoir le Port de Pyrée, & de manger des figues d’Athenes, mit cette fantaiſie de guerre, dans la teſte de ſa Maistresse, & la porta à y faire reſoudre ſon Mary. Si bien que le Roy des Rois, le puiſſant & redoutable Xerxes ne leua une armée de trois cens mille Combattans, ne coupa les Montagnes, ne tarit les Riuieres, ne combla la Mer, que pour conduire vn Charlatan en ſon Païs. Il me semble que ce galant-homme pouuoit bien faire ſon voyage à