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ARISTIPPE

temps, que les Pages ſiffloient, & que personne n’eſtimoit que luy. L’Histoire rapporte qu’il en apprehendoit les vertus ſecrettes ; & que le meſpris vniuersel de la Cour, & vingt-cinq ans d’impertinences, ou faites, ou dites, à la face du grand Monde, ne l’auoient pû aſſurer de cet homme-là.

Du meſme Principe, de fauſſe ſubtilité, ſont nées ces Viſions, que noſtre homme trouue si ingenieuſes, & qui me ſemblent ſi ridicules ; que les Docteurs admirent, & que ie ne puis souffrir. En cet endroit Aristippe adreſſant ſa parole aux deux Gentilshommes, qui l’eſcoutoient ; Penſez-vous, leur dit-il, comme ces Docteurs ſubtils, qu’Annibal ne voulut pas prendre Rome, de peur de n’eſtre plus utile à Carthage, & de ſe voir obligé, par là, à finir la guerre, qu’il avoit deſſein de perpetüer ? À voſtre auis, Auguste choiſit-il Tibere pour son Succeſſeur, afin de ſe faire regretter, & rechercher de la gloire apres ſa mort, par la comparaiſon d’vne Vie, qui deuoit