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bic, & les reduiſent à neant, à force de les ſubtiliſer : ils evaporent en fumée les plus ſolides affaires. Disons que ce ſont des Heretiques d’Eſtat, qui veulent faire dans la Politique, ce qu’Origene a fait dans la Religion. Ils ſuiuent les ombres, & les images des choſes, au lieu de s’attacher à leur corps, & à leur realité. Ils embraſſent la Vray semblance, parce qu’ils l’ont peinte & embellie à leur mode ; mais ils rejettent la Verité, à cauſe qu’elle n’est pas de leur inuention, & qu’elle a ſon fondement en elle-meſme.

Ces Meſſieurs ſe figurent que, par tout, il y a du deſſſein & de la fineſſe, & que toutes les actions des hommes ſont meditées. Rien ne leur paſſe devant les yeux, dont ils ne cherchent le sens myſtique, & l’allegorique. Ils ne s’arrestent iamais à la lettre, ces ſubtils Interpretes des penſées d’autruy. Et quand deux Princes s’attaquent de toute leur force, & de toute la puiſſance de leurs Eſtats, ils croyent qu’ils s’entendent enſemble, pour tromper les