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sent pas nez meschans, ils ont crû qu’il falloit le devenir, & se sont desfaits de leur conscience, pour travailler, avec moins d’empeschement, aux affaires de l’Estat. Ils ont pensé d’ailleurs, que l’orgueil estoit bienseant à la dignité, que, s’ils paroissoient les mesmes qu’auparavant, leur condition ne seroit pas tout à fait changée, & que la courtoisie les remettroit, dans l’egalité, de laquelle ils s’estoient tirez, avec tant de peine. Ainsi ils n’ont point apprehendé de tomber, dans la haine, pour eviter le mespris. Ils se sont fait craindre, ne pouvant se faire respecter. Ils ont estimé, qu’il n’y avoit point de moyen d’effacer la memoire de leur ancienne bassesse, que par l’objet present de leur tyrannie ; ni d’empescher le Peuple de rire de leurs infirmitez, qu’en l’occupant à pleurer ses propres maux, & à se plaindre de leur cruauté.

Avec ces belles Maximes, & cette Antipolitique, que je vous ay un peu esbauchée, ils ont gouverné le Monde ; mais ils l’ont gouverné d’une estrange sorte. Ils ont ren-