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ARISTIPPE

Seroit-ce point vn jeu, & vne fantaiſie de la Puiſſance ; vn exercice, & vne occupation de la Royauté, qui prend plaiſir à faire des choſes eſtranges ; à eſtonner le Monde par des Prodiges ; à changer le deſtin des Petits & des Miſerables ; à peindre & à dorer de la bouë ?

N’eſt-ce point, au contraire, vne erreur ſerieuse & deliberée, vne tromperie de bonne foy, faitte à ſoy-meſme par ſoy-meſme ; aidée par l’impoſture de l’apparence, qui desguiſe quelquefois les hommes de telle sorte, qu’ils ne ſont reconnoiſſables qu’à Dieu ? Il eſt certain que le plus ſouuent ils portent des marques ſi douteuſes, & ce qui paroiſt d’eux eſt ſi faux, qu’il n’y a que Celuy qui les a faits, qui ſçache leur veritable prix.

Mais l’Effet, que nous auons tant de peine à tirer de l’obſcurité des Cauſes, ne ſeroit-ce point vn preſent de l’Occaſion ? Car d’ordinaire elle offre aux Princes des Seruiteurs ; Elle les oblige à prendre ce qu’ils trouuent à leur main, & ce qui