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ARISTIPPE

ne ſeruent de rien à la Terre : leur ſterilité fait maudire leur eleuation. Ceux-cy, de meſme, ne sont pas moins inutiles, qu’ils sont grands ; Et ie les regarde, comme de vaines monſtres du pouuoir & de la magnificence des Rois ; comme des Coloſſes qu’ils ont eleuez, & des Pyramides qu’ils ont baſties. Ce sont des fardeaux, & des empeſchemens de leurs Royaumes, qui peſent à toutes les parties de l’Eſtat. Ce ſont des ſuperfluïtez, qui occupent plus de place que toutes les choſes neceſſaires. Cela s’entend à les conſiderer, dans vne foibleſſe encore innocente, & auant qu’ils ayent adiouſté l’iniuſtice de leurs actions, à l’indignité de leur perſonne.

Voilà les beaux ouurages de la Fortune ; Voilà les meſpriſes & les extrauagances de cette Deeſſe, sans yeux & ſans iugement, à qui Rome a donné tant de Noms, & a dedié tant d’Autels. Vous auez bien ouï parler de quelques Reines hipocondriaques, qui ont eu de l’amour, pour vn Nain, & pour vn Maure, voire pour vn