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fust pas en sa puissance d’en faire part à un autre, il s’ennuyeroit de sa propre felicité, & voudroit descendre du Ciel en Terre.

Je dis donc sur ce fondement, que les plus sages Princes qui soient au Monde ; que les Augustes & les Antonins, s’ils y revenoient ; que les Constantins & les Theodoses, peuvent avoir de legitimes affections, & aimer raisonnablement celuy-cy plus que celuy-là.

Que ce soit vostre peuple, qui soit vostre Favori : Cet avis fut donné autresfois à un grand Prince, mais par un Philosophe un peu trop severe. De deffendre aux Rois le plus doux usage de la volonté, & de les despoüiller de la plus humaine des passions, ce seroit estre Tyran des Rois, & ne leur permettre pas qu’ils fussent hommes : ce seroit les lier à la grandeur de leur condition, & les cloüer sur le Throsne. Quelle rigueur, de vouloir qu’ils n’apparoissent jamais, sous une forme semblable à la nos-