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blique, par une ouverte declaration.

Or il est besoin de sçavoir, que ce Mucien n’estoit pas homme à n’apporter dans un Parti, que de belles paroles, & de bons desirs. D’abord il fortifia Vespasien d’hommes & d’argent ; Il luy acquit des Provinces, & luy amena des Legions. Il n’espargna point sa personne, quand il crut qu’il faloit payer de la vie, & voulut estre l’Executeur de la pluspart des choses, dont il avoit esté le Conseiller.

Les Princes à faire ne peuvent se passer de ces gens-là, & les Princes faits en ont grand besoin. Il n’y en a jamais eu de si fort, qui de sa seule force ait pû porter le faix de tout le Gouvernement ; Jamais eu de si jaloux de son authorité, qui ait pû regner tout seul, & estre veritablement Monarque, à prendre le mot, dans la rigueur de sa signification. Aussi est-ce un jeu & une invention des Platoniciens, pour flater la Royauté, & la mettre au dessus de la condition humaine, de dire que Dieu donnoit deux esprits aux Rois, pour bien